Ce week-end, à Villepinte, François Bayrou donnera le coup d'envoi de son mouvement politique, le Modem, avec pour objectif les municipales

Publié le par brageirac

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  « Un mouvement ouvert »
 
A la veille du congrès constitutif du Modem, combien comptez-vous d'adhérents ?
François Bayrou.
Nous avons 43 000 adhérents au Modem. Avant sa création, il y avait plus de 30 000 adhérents à l'UDF. Un certain nombre d'entre eux étant des doublons, à coup sûr, nous sommes entre 50 000 et 60 000.

C'est en contradiction avec l'image d'un Modem d'où les élus partent les uns après les autres ?
Ceux qui considèrent que la politique se résume à faire carrière, à entrer au gouvernement, ceux-là vont du côté de l'UMP, et ils en seront, ou croiront en être récompensés. Mais l'immense majorité des adhérents du Modem pense autre chose. Pour eux, c'est défendre ses idées et changer le paysage politique. Tous ceux-là sont dans la stratégie du mouvement démocrate indépendant.

Jean-Marie Cavada affirme que le Modem n'est pas un mouvement démocratique et que ses dirigeants ne sont pas élus.
A tous les postes, on est élu au Modem. Jean-Marie Cavada est le plus mal placé pour critiquer ainsi, parce qu'il n'a jamais adhéré ni à l'UDF ni au Modem. S'il a pu y être élu alors qu'il n'avait jamais donné son adhésion montre bien qu'il s'agit d'un mouvement ouvert.

Il paraît que la rédaction des statuts a été très laborieuse ?
On en est à la troisième mouture, avec plus de 1 000 contributeurs. Peu de partis peuvent en dire autant, et nous avons tenu compte chaque fois de souhaits et des remarques. Au bout du compte, il y aura un vote avec des amendements.

Pour les municipales, on ne comprend pas si vous ferez des listes indépendantes au premier tour. Où et avec qui ?
Dans l'immense majorité des villes, le Mouvement des démocrates constituera ses propres listes indépendantes. Il y a quelques villes où il y a la possibilité de faire des listes communes au premier tour, souvent parce que nous sommes sortants. C'est le cas à Bordeaux, parce que tout le monde s'accorde à dire qu'Alain Juppé est un bon maire. Pour moi, ce qui doit marquer la politique municipale, c'est la capacité à travailler avec les gens d'un bord et de l'autre bord.

Quelle sera votre attitude au second tour ?
Cela dépendra des personnalités des candidats et de leurs projets. Nous serons sans exclusive.

Le Parti socialiste semble très préoccupé, comme le sont les Français, par le pouvoir d'achat. Que feriez-vous à sa place ?
Je ne mentirais pas et je ne raconterais pas que l'Etat peut augmenter le pouvoir d'achat des Français, ce qui n'est pas vrai.

Et à la place de Nicolas Sarkozy ?
Il y avait une chose à faire. C'était rééquilibrer les finances publiques pour régler le problème de la dette. Au lieu de le faire, on a distribué presque 15 milliards d'euros aux plus favorisés des Français. On est en train de construire en France une société très inégalitaire dont on n'a pas résolu les problèmes de croissance.

Vous pourriez donc être tentés de vous allier à ces élus ?
Je n'ai pas bâti l'indépendance du centre, en payant cher cette liberté, pour qu'il devienne inféodé au Parti socialiste comme l'UDF l'était à l'UMP. Un jour, il y aura des recompositions en France comme elles se sont produites en Italie, et comme elles se produiront en Angleterre et dans bien d'autres pays. Parce que toute l'Europe est face à cette question fondamentale : la mondialisation signifie-t-elle plus d'inégalités ou peut-on faire cette mondialisation en allant vers plus de justice ? C'est la question fondamentale de notre temps.
Pour l'instant, le PS n'est pas en état.

L'UMP non plus ?
Je distingue à l'intérieur de l'UMP les militants qui peuvent être des partenaires pour le redressement de la France. Je ne confonds pas la droite républicaine avec ceux qui défendent le projet de Nicolas Sarkozy par référence au modèle américain, par solidarité avec les puissances d'argent.

A Pau, vous considérez-vous comme le fils spirituel d'André Labarrère ?
Je sais la reconnaissance réciproque que nous nous portions. Pour moi, c'était un animal politique de premier plan. Quand une ville a eu un maire comme André Labarrère, elle a besoin d'avoir une personnalité qui l'incarne. Humblement, j'essaierai de l'incarner, en étant au plus près des Palois.

Propos recueillis par Jean-Pierre Deroudille logo-so.jpg  Du 30/11/07



Publié dans F Bayrou

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M
Pas facile de créer un mouvement, de structurer un parti, de mettre en place des stratégies de conquête du pouvoir. François Bayrou s'est lancé dans cette avanture avec panache. Le nombre de militants importe peu. Ce qui importe, c'est qu'ils aillent tous dans le même sens. La dispersion, les bagarres d'égos, les situations locales de crconstances, sont autant de pièges qu'il faut éviter. Comme disait Mitterrand, "il faut laisser du temps au temps". Travailler sans relâche. Bien stabiliser ses concepts fondateurs. Bien structurer son parti. Est-ce que les municipales sont un moment intéressant? A mon avis c'est un peu prématuré. Il vaudrait mieux des législatives ou des présidentielles. C'est loin! Les européennes sont une bonne échéance. En plus, pour le Modem, c'est un sujet où il est d'une très grande crédibilité. Il faut donc attendre deux ans mais l'enjeu ne vaut-il pas cette attente? Pour les municipales, le Modem n'a qu'une stratégie possible pour se démarquer vraiment de la droite qu'il réprouve, lui mettre à la face ses incohérences. Des municipales se travaillent de longue haleine. Là, il n'y a que 3 mois. Trop court! O temps supends ton vol!
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